Se retrouver exilé de sa propre existence, peut venir d’une suradaptation.
L’enfant est coupé de lui-même, noyé dans une famille souffrante. Une famille où le silence prédomine, par exemple. Il est interdit d’y vivre émotions et désirs non conformes.
Ou alors une famille où il y a entrelacement de rôles et où personne n’a accès à un moi distinct des autres. Ainsi, si la mère est souffrante, tout le monde va souffrir. Si la sœur est dépressive, ou le frère colérique, l’ensemble s’en ressent. Chacun ressent et vit ce que les autres ressentent et vivent. Difficile alors de se construire soi-même et d’avoir une identité.
C’est particulièrement à la période de l’adolescence, où la quête d’identité est intense, que des rôles peuvent se rigidifier. L’infernale roue de la répétition se met en marche : si on a été sauveur, on va adopter vraisemblablement une attitude de sauveur dans ses relations ultérieures.
Exprimer les émotions refoulées de l’enfant blessé aide la personne à prendre conscience de la mise en place de son propre fonctionnement relationnel. Être un bon parent pour soi-même après que les émotions refoulées de l’enfant blessé en nous aient été mises à jour, exprimées et reçues par l’adulte intérieur, la deuxième étape consiste à se réapproprier sa propre croissance.
Pour être de moins en moins la proie du scénario familial douloureux, il importe que l’enfant intérieur puisse désobéir. Désobéir à toutes les lois parentales qui l’ont coupé de lui-même. C’est paniquant de désobéir à ce qui donne depuis si longtemps une identité, fût-elle construite sur des bases étrangères à soi et donc finalement peu solides. Aussi, pour que ce soit possible, notre enfant intérieur doit-il pouvoir s’appuyer sur un parent-adulte intérieur en qui il a confiance.
Un adulte intérieur qui, somme toute, arrive à être un bon parent. Car lorsque les parents réels n’ont pas pu permettre à l’enfant d’être lui-même, il importe de devenir le bon parent de soi-même.